FÉVRIER 2017

Entrevue avec Henri Paul Falavigna, Président de Solidarité enfants de Beslan

par François MAURICE


François MAURICE : Monsieur FALAVIGNA, vous présidez l’association « Solidarité enfants de Beslan » en Ossétie. Pouvez-vous parler en quelques mots de l’Ossétie ?

Henri Paul FALAVIGNA : Parler de l’Ossétie révèle des surprises et c’est passionnant !

L’Ossétie-Alania est au pied du sommet de l'Europe le mont Elbrouz à 5.450 mètres.

L’Ossétie est le pays des Alains, peuple d’origine indo européenne, dont les ancêtres “cavaliers des steppes” ont chevauchée toute l'Europe et dont une ville française, Alençon, en porte la trace.

L’Ossétie est dans le Caucase région complexe, peuplée de plus de 50 ethnies aux religions différentes. Une république où cohabitent paisiblement une majorité de  chrétiens orthodoxes et une forte minorité musulmane.


F.M. : Quand avez-vous créé « Solidarité enfants de Beslan » ?

H.-P.F. : Nous avons créé « Solidarité enfants de Beslan » en septembre 2004 pour répondre aux appels de la croix rouge internationale et témoigner notre solidarité aux 950 enfants survivants des 3 jours de tortures des terroristes ingouches à Beslan.

Nous ne nous doutions pas de l’origine de cet attentat et des agressions et sabotages que Beslan allait nous apporter!


F.M. : Quelles sont les raisons de cet attentat ?

H.-P.F. : L’attentat terroriste de Beslan sur les 1125 enfants de l’école de Beslan, n’est pas dû au hasard, c’est une tentative de déstabilisation de la région. Il s’agissait de créer une guerre entre les Ossètes et les Ingouches, et permettre une intervention de l’Otan dans le Caucase, carrefour de pipelines !

Dès 2004 les médias ont tenté de culpabiliser les victimes : les russes et Poutine.

Pour les habitants de Beslan, il n’y a aucune ambiguïté, les responsables sont les terroristes qui ont préparé et réalisé un attentat sur 1125 enfants.


F.M. : Y-a-t-il vraiment eu un assaut ? 

H.-P.F. : Il n’y a pas eu d’assaut organisé, les responsables des forces de l’ordre, et même le Président,  avaient leurs enfants dans cette école. Nathalie Nougayrede, envoyée spéciale du journal Le Monde affirme que lors d’un assaut les chars russes ont tiré sur l’école et chaque année lors de la date anniversaire de l’attentat de Beslan, l’AFP publie un communiqué « Beslan  suite à l’assaut des troupes russes 350 morts ». Ce serait aussi ridicule que d’écrire que les victimes du Bataclan seraient de la faute du GIGN.


F.M. : Quelles sont aujourd’hui les actions de votre association ?

H.-P.F. : l’association participe à la réhabilitation physique et psychologique, des 950 enfants survivants des bombes et de 3 jours de tortures par terroristes islamistes ingouches avec:

  • les parrainages d’enfants par des familles françaises,
  • les séjours d’enfants en France,
  • sa présence aux cotés des enfants, aux fêtes traditionnelles ossètes,
  • son organisation à Paris des commémorations du 3 septembre,
  • et la recherche de coopération décentralisée (jumelage) avec Beslan.


F.M. : Vous n’avez pas été indifférents aux victimes du Donbass. Parlez-nous s’il vous plait de votre dernière action au profit de ce peuple martyr.

H.-P.F. : Je vais vous parler de l'histoire, particulièrement dramatique d’ Anna Tuv.

Le  26 mai 2015, à Gorlovka, l'une des villes ravagées par la guerre de Kiev contre le Donbass: Anna a perdu presque tout ce que la vie lui avait donné: un mari, une fille, la maison où il a vécu et le bras gauche.

Quelques semaines après la tragédie, nous avons pu envoyer un don initial qui lui a permis de répondre aux besoins de base et ceux de ses deux enfants.

Mais une jeune mère, veuve et sans un bras ne pouvait pas être laissé sans aide. Surtout avec deux jeunes enfants, Zachar alors même 2 ans et Milana quelques semaines.

Notre ami italien, partenaire de Beslan, Ennio Bordato de l’Association AIUTATECI A SALVARE I BAMBINI à Trente en Italie a commencé une collecte de fonds pour donner Anna une espérance de vie: la pose d’une prothèse de dernière génération et nous a demandé d’y participer.

Nos adhérents et amis ont été sensibles à cette détresse  et en seulement quelques semaines, le montant requis (plus de 25.000 euros) a été recueilli.

Toutefois la difficulté de la collecte de fonds pour l’opération n’a pas été le seul problème car à l’arrivée d’Anna Tuv, pour la pose de sa prothèse, celle-ci n’a pu présenter de passeport ou document ceux-ci ayant été détruits lors du bombardement de sa maison et , de facto, obtenir de visa. 

Notre ami Ennio Bordato a contacté les grandes institutions italiennes et internationales mais aucune n'a été en mesure ou n’a voulu aider Anna afin d’obtenir un passeport.

Ce fut uniquement grâce à l'ambassade de Russie à Rome et le MID de la Fédération de Russie, qu’il a été possible, dans un délai très bref, d’accorder le statut de réfugié. Conformément aux conventions internationale, il a ainsi pu obtenir un visa pour un traitement médical auprès du Consulat d'Italie à Moscou.

Depuis le 15 janvier 2017, malgré les procédures très complexes de préparation et d’adaptation des prothèses de dernière génération à l’hôpital de Bologne, Anna peut désormais étreindre ses enfants avec les deux bras.

Une nouvelle page importante de solidarité a été écrite par notre Association et désormais notre engagement s’étend dans l'aide à un trop grand nombre d'enfants blessés et amputés de Donbass.

Je profite de cette entrevue pour remercier tous nos donateurs qui ont permis cette dernière action de notre association et qui ont également permis le retour à la vie normale d'une mère, une veuve mutilée de guerre avec deux très jeunes enfants. 


F.M. : Malgré toutes les actions bénéfiques de votre association, celle-ci a été l’objet de pressions. Pouvez-vous nous expliquer ? 

H.-P.F. : L’association a été victime de multiples agressions et tentatives de déstabilisation, avec un stress  qui a compromis la santé de ses dirigeants et découragés ses sponsors et ses adhérents.

Néanmoins, de 2004 à 2010, l’association a participé à la réhabilitation de 250 enfants : financements de prothèses, parrainages par des familles françaises, séjours de groupes en France.

Pourtant, depuis les agressions de 2010, les activités de l’association se poursuivent dans l’enracinement de nos amitiés.


F.M. : Merci Henri Paul FALAVIGNA nous ne pouvons que vous féliciter et encourager vos membres à poursuivre vos activités dignes d’éloges. 


Retrouvez toutes les activités et soutenez cette merveilleuse association sur :


www.solidarite-enfantsdebeslan.fr


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