DÉCEMBRE 2016

Je ne suis pas occidental, je suis « Cheval de Przewalski »

par Bertrand BRISSET


Pendant trop longtemps, j'ai dit que j'étais « occidental ». Je ne suis pas le seul dans ce cas-là, nous sommes très nombreux. C'est une tournure de langage facile et familière mais un peu fourre-tout dans laquelle on place avant toute chose une appartenance culturelle. La réalité, c'est que je ne suis occidental qu'au niveau géographique si je me situe simplement en tant que français vivant en France, en ce sens, oui, je suis « occidental ». Le problème que l'« occidentalisme » est aussi une notion bien réelle de repli sur soi, voire, une volonté politique européenne, qui, en affirmant sa soumission totale à Washington et à l'OTAN, n'a cessé de s'étendre à l'est jusqu'à la frontière russe en faisant des Pays baltes et de l'Ukraine une sorte de glacis protecteur dans le seul et unique but d'isoler Moscou. En ce sens, je ne peux pas me définir comme « occidental » car j'ai toujours soutenu, au contraire, un pont de paix, d’amitié, d'essor culturel et économique Paris / Berlin / Moscou. J'ai d'ailleurs toujours dit que l'OTAN aurait dû être dissoute en 1991 en même temps que le Pacte de Varsovie…
Je ne crois pas qu'il y ait une « culture occidentale » à laquelle nous devons forcément appartenir. Après tout, un Italien est italien tout comme un Allemand est allemand et si nous avons évidemment un espace de vie européen commun, ce qui fait notre richesse c'est aussi notre diversité. Si nous extrapolons au centre et à l'est, un Polonais est polonais comme un Roumain est roumain et, alors, que dire des multitudes ethniques et culturelles de Russie et de Chine? Je pense de moins en moins en « occidental » mais je me définis de plus en plus comme étant de culture eurasienne. Ethniquement, je reste occidental, dans le sens que je ne suis pas métis, mais culturellement, géopolitiquement, oui, je suis par intérêt, par amour aussi pour cette grande voie vers l'est, métissé « eurasien ».
Chacun a sa route de cœur. Il ne s'agit surtout pas de les opposer, ce serait totalement idiot ! Cela peut être la mythique « Route 66 » des Etats-Unis. Cela peut être aussi celle qui transporte de l’aérodrome de Roissy-Charles de Gaulle aux souks de Marrakech. Elles ont toutes leurs plaisirs, leurs découvertes, leurs aventures... Ma route mythique, elle, traverse le sud de l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie et même plus loin... On entend souvent parler de « culture occidentale judéo-chrétienne » sans trop savoir réellement de quoi l'on parle. Je me définis simplement comme étant « cathodoxe », un pied dans une église romane française et l'autre dans une église orthodoxe d'Europe de l'Est. Mais, cela n'est pas réducteur. J'aurais tout aussi bien pu me définir protestant, musulman, judaïste, bouddhiste... tout en conservant cette culture eurasienne globale.
Je suis un homme libre de pensée, non soumis à une quelconque doxa politicienne européenne qui n'a de cesse d'engager des sanctions économiques à l'encontre de la Russie et qui refuse dans le même temps de signer à l'ONU un texte condamnant l'apologie du nazisme du seul fait que ce texte émane de Moscou ! Je suis un homme libre comme les nations qui composent le puzzle eurasien de Brest à Vladivostok ! En fait, je suis « cheval de Przewalski ». 
Ce petit cheval robuste, impossible à domestiquer. Ce petit cheval issu des plaines asiatiques et qui a bien failli disparaître. Des programmes de sauvegarde de l'espèce avaient été lancés dans plusieurs pays dans les années quatre-vingt-dix. C'est amusant car je me souviens que, jeune homme, j'avais financièrement contribué (de ma très modeste personne!) au programme français. Ce cheval a depuis été réintroduit dans de nombreux pays dont la Pologne, la Hongrie et de nombreux autres pays devenant un symbole autant géographique qu'historique mais aussi politique car il unit les hommes et les nations tout en restant indomptable.
Avec l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, nous pouvons espérer nous engager dans un monde plus pacifique, du moins, une meilleure résolution des problèmes globaux. A l'inverse, l'Union européenne semble orpheline! J'entends ici et là « Mais qu'allons-nous devenir? ». J'entends aussi le fait qu'il faudrait que l'Union européenne arrive à grandir par elle-même. Après tout, sur ce point précis, ce serait effectivement une bonne chose. Je conçois d'ailleurs qu'un élan fraternel ne doit pas être pour autant une soumission économique mondialiste libérale.
Il est normal que les nations s'entendent tout en défendant leurs marchés internes. L'un n'empêche pas l'autre! On peut très bien s'ouvrir aux « nouvelles routes de la soie » sur un plan pacifique tout en garantissant nos propres économies. Construisons sereinement le monde de demain mais construisons-le ensemble plutôt que les uns contre les autres! Et oui car j'entends aussi malheureusement ressortir ce vieux serpent de mer d'armée européenne... Il n'en n'est pas question! L'Europe n'a aucun ennemi! Le terrorisme islamiste est d'abord une question d'échanges de renseignements au niveau de la police (exemple, entre la police française et la police belge) mais ce n'est pas du ressort de l'armée. Une armée européenne devrait se trouver un ennemi imaginaire et cet ennemi nous le connaissons tous, ce serait encore et toujours la Russie, franchement il y en a marre ! La lutte contre le terrorisme islamiste serait aussi en priorité une question de relations diplomatiques à revoir car on ne peut pas à la fois lutter contre les incendies de forêt et copiner avec les pyromanes ! 
La diplomatie française n'a que depuis trop longtemps été alliée des monarchies du Golfe persique et son rôle en Syrie sous la présidence de François Hollande totalement à l'encontre d'une quelconque lutte contre les islamistes, c'était plutôt l'inverse... Il faut dire que nous étions aussi totalement soumis à la vision du monde d'avant Donald Trump, une vision Obama / Clinton et que François Hollande aura très certainement été, dans ce contexte très particulier, le président français le plus occidentaliste, et, pourrions-nous dire, le plus atlantiste. Le temps d'un nouveau jeu a sonné, espérons-le pour le bien commun.

Cette parenthèse bien trop large dans l'histoire qui va du bombardement de la Serbie au soutien d'Al-nosra en Syrie en passant par le silence assourdissant des médias sur les néo-nazis ukrainiens et des Pays baltes ressortis de la naphtaline et devenus le bras armé de l'OTAN, cette parenthèse doit se refermer maintenant au plus vite! C'est aussi en ce sens que je rejette la notion d'occidentalisme que je qualifie ouvertement de néo-fascisme et que je lui préfère une ouverture pacifique eurasienne.

C'est décidé, je suis « Cheval de Przewalski »!

B.B.

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