SEPTEMBRE 2016

C’était il y a un siècle… septembre 1916

par François MAURICE

Le conflit entre dans 762ème jour tandis que, ce 1er septembre, l'offensive anglo-française, entravée par le mauvais temps, continue sur les deux rives de la Somme.

Du vendredi 1er septembre au dimanche 10 septembre 1916 

Sur les fronts Belge et Français

Le « Petit Journal » du 1er septembre 1916 rend hommage aux maires de la Meuse

Journal du 4 septembre 1916
Devant Verdun, les Allemands paraissent renoncer à s'emparer de la place ; les attaques localisées de l'armée du Kronprinz ne semblent plus avoir pour objectif que de tenir les Alliés en haleine. Les forces françaises avancent hardiment sur Thiaumont; Vaux-Chapitre et le Chénois, déplaçant en leur faveur la ligne ennemie. La supériorité croissante en hommes des Alliés (l'Angleterre vient de lever un nouveau million de recrues) et en moyens matériels permettent d'espérer une avance sur ce point du front. La mise à la retraite du général von Falkenhayim chef de l'état-major allemand, et son remplacement par le maréchal Hindenburg est le premier résultat de cette offensive française.
 
Sur le front russe
Sur le front russe d'Europe, l'armée du général Roussky résiste victorieusement aux attaques allemandes de Riga à Dvinsk (Dunabourg).
Au centre, les armées de Broussiloff refoulent méthodiquement les Austro-Allemands, leur faisant de nombreux prisonniers.
En Roumanie, sur le front russe et le front ouest de nos nouveaux alliés, bien que les détails fassent défaut, nous savons que le général russe Letchisky continue à avancer, ayant opéré sa liaison avec les Roumains qui progressent en Transylvanie où ils ont occupé plus de cent localités.

Du lundi 11 septembre au dimanche 17 septembre 1916 

Sur les fronts belge et français
Sur le front de Picardie, les progrès des Alliés s'accentuent. Au nord de la Somme, les troupes françaises avancent sur Combles enserrée au sud et au sud-est; elles s'emparent de Bouchavesnes, le long de la route de Péronne à Béthune, où ils élargissent leurs conquêtes, pendant que les Allemands s'épuisent en vaines contre-attaques. Les troupes britanniques avancent de trois kilomètres sur un front de dix kilomètres : le nombre des prisonniers faits par les Alliés dépasse 6000, et le matériel de guerre pris par les Anglais est considérable.
11 septembre 1916. La lutte continue dans les secteurs de la Carrière, de la Haie-Renard et du Chênois. L'artillerie allemande pilonne sans interruption les lignes françaises.

Devant Verdun, les Français continuent à progresser dans le bois de Vaux-Chapitre : dans cette direction, l'ennemi est refoulé à quatorze ou quinze cents mètres du fort de Souville et à mille mètres de la Chapelle-Sainte-Fine. Le Président de la République, accompagné du ministre de la Guerre, du général Joffre, des généraux Pétain et Nivelle, des chefs des missions militaires des pays alliés, est allé remettre à la ville de Verdun la Légion d’honneur et les décorations qui lui ont été attribuées par les Etats de l'Entente. « Pendant des siècles, sur tous les points du globe, s'est écrié M. Poincaré, le nom de Verdun continuera de retentir, comme une clameur de victoire et comme un cri de joie poussé par l’humanité délivrée. »
Verdun. Colonne de soldats qui se dirigent vers le front.

Le maréchal de Hindenburg et le nouveau chef d'état-major, général Ludendorff, ont réorganisé l'armée allemande du front occidental, divisé en trois secteurs : celui du nord et du nord-ouest a, comme chef, l’archiduc Albrecht de Wurtemberg ; celui de la Somme est commandé par le prince Ruprecht de Bavière ; le secteur de Verdun continue d'avoir à sa tête le kronprinz.
Les aviateurs anglais et français affirment de plus en plus leur supériorité : ils ont bombardé les hauts fourneaux d'Utkingen et de Romback, et les usines de la région de Mondelingen, ainsi que les voies ferrées au sud de Metz.
A la Chambre française, M. Briand a lu un exposé sincère de la situation politique et militaire de l'Europe au vingt-sixième mois de la guerre. « Les développements sur les qu'accentuer. » M. Ribot, ministre des Finances, a fait voter, à l'unanimité, un nouvel emprunt. A relever dans sa déclaration : « Je remets le succès de l'emprunt avec une confiance absolue au pays tout entier, sans distinction de classes, riches et pauvres comprendront, aujourd'hui comme hier, quel est leur devoir et l'accompliront joyeusement. » A la fin de l'année, nos dépenses s'élèveront à 61 milliards.

Sur le front russe
La semaine a été caractérisée par la continuation heureuse de l'offensive que les armées russes de Broussiloff ont reprise sur tout le front : les efforts de nos Alliés se sont portés particulièrement dans la direction d'Haliez, d'une part, et dans les Carpathes, d'autre part. Les premiers ont obligé la droite de l'ennemi à un nouveau repli et à attirer au nord du Dniester une bonne partie des forces adverses qui semblaient devoir être dirigées sur la Transylvanie : dans cette opération, les Russes ont fait 10 000 prisonniers.
Des soldats russes équipés de Winchester mod. 1895

Par ailleurs, dans les Carpathes, la jonction entre la gauche russe et la droite roumaine du général Iliesco s'est effectuée normalement, et les nouveaux Alliés attaquent, en coopération intime, le groupement austro-allemand qui tient encore la crête frontière dans la région de Kirliba.
Les Roumains continuent à escalader les Alpes de Transylvanie et à occuper les localités.
Sur le front du Caucase, l'activité des Kurdes hostiles continue : dans la direction de Bitlis, les éléments avancés russes, refoulent l'ennemi. Dans les régions du littoral, la gelée a fait son apparition ; la neige tombe par endroits.
 

Du lundi 18 septembre au dimanche 24 septembre 1916

Sur les fronts belge et français
L’offensive française dans la Picardie se poursuit énergiquement, en liaison étroite avec l'armée britannique. De nouveaux points de départ sont assurés cette semaine par de petites opérations de détail fructueuses aux abords de Combles : les forces toujours grandissantes des Anglais et des Français ont enlevé des positions successives que la presse allemande qualifiait « d'imprenables » et de « vitales ». La lutte d'artillerie se poursuit avec une grande intensité ; mais les troupes se meuvent sur un terrain détrempé par les pluies et presque impraticable et raviné de trous d'obus, ce qui rend toute action d'ensemble impossible pour le moment. Le quartier général français a publié le chiffre total des prisonniers capturés, avec les alliés britanniques, depuis le 1er juillet, date de l'offensive, soit 55 000 hommes.
Les opérations aériennes obtiennent le plus grand succès : l’aviation d'observation empêche l'ennemi de survoler les positions alliées et l’aviation de bombardement lance des obus sur les établissements ennemis en Belgique, dans la région de la Somme, au nord de Soissons, sur les gares de Fins, Roisselle, Herville, sur les usines militaires de Ludwigshafen, de Mannheim et sur les fameuses usines Krupp, à Essen (Westphalie), dans un raid de 800 kilomètres.
Nieuport 11 n° 1407 de l’escadrille 390 - Il a été baptisé "Jean Lecompte", du nom du premier pilote de l’aviation d’Orient disparu au combat aux Dardanelles, le 6 janvier 1916 - Cet avion est pris en compte par l’escadrille, le 24 septembre 1916. Photo Archives Nationales collection Painlevé.


Sur le front russe 
Tandis que sur les confins de la Bukovine perdue par l'Autriche, les Roumains bombardent de concert avec les Russes, les contours de Dorna-Watra et du col de Borgo, une autre armée roumaine pousse en Transylvanie, à 80 kilomètres de la frontière. 
Sur le front de la Dobroudja (mer Noire), les armées bulgaro-allemandes, placées sous le commandement du maréchal Mackensen, sont désormais sur la défensive : l'ennemi s'est retranché sur un front qui s'incurve largement vers l'ouest en approchant du Danube qu’il rejoint à une quinzaine de kilomètres de Silistrie : les Russes paraissent désireux, à leur aile gauche, d'éloigner l'agresseur de Tuzla comme ils l'ont éloigné à leur aile droite de Rachova.

Du lundi 25 septembre au samedi 30 septembre 1916 

Sur les fronts belge et français
La grande bataille de la Somme est arrivée à émouvoir la presse Allemande officieuse «Les résultats, écrit la Gazette de Voss, nous obligent à considérer notre échec comme sérieux. » Les troupes, franco-anglaises se sont emparées, cette semaine, de Combles, de Thiepval, et des environs : les prisonniers, sont nombreux (plus de 30 000) et le butin comprend plusieurs milliers d’obus de 105 et de 150, des moyens d’éclairage et un nombreux matériel du service de santé; les villages sont littéralement plein de cadavres allemands.
Revue - EXCELSIOR N° 2141 du 25/09/1916 Le quotidien illustre sa Une avec l’As de l’aviation française Georges Guynemer alors que celui-ci vient d’abattre son 18ème avion ennemi. Quelques jours plutôt, le Petit Journal avait également publié le portrait de Guynemer sur la couverture de son numéro du 10 septembre.

En Champagne, dans la région de la Butte du Mesnil, l'ennemi a tenté inutilement des coups de mains consécutifs à de vifs bombardements. Un coup de main à l’Est de Tahure à également échoué.
Au Reichstag, le chancelier de Belhman- Holweg, dans un discours dont le but était de répondre aux déclarations du président du Conseil, M. Briand, a montré l'Allemagne attaquée plus furieusement que jamais et donné une note plutôt pessimiste ; le chancelier a, de nouveau, accusé l'Angleterre d'être l'instigatrice de la guerre.

Sur les fronts russe et roumain
Sur plusieurs points du front, les Russes ont repris leur activité offensive, notamment sur la voie ferrée de Brody à Krasné, c'est-à-dire sur la ligne qui conduit de Rovno à Lemberg. Cette offensive est soutenue par d'autres opérations plus au sud sur la ligne de Tarnopol à Lemberg jusqu'aux rives de la Zlola-Lipa.
Les contingents austro-allemands, commandés par le général von Falkenhayn en personne, adjoint au général Mackensen ont attaqué une partie de la première armée roumaine dans les Alpes de Transylvanie : la pression roumaine continue cependant à s'exercer avec force à l'ouest ; mais cette collaboration de deux des principaux chefs d'armée allemandes démontre l’importance des événements prochains autour des frontières roumaine, au long de la courbe elliptique dessinée par ces frontières au tracé des Alpes de Transylvanie et du Danube. L’offensive allemande affecte les défilés qui donnent accès à la fois à la vallée de l'Oltu vers le Danube et à la route de Bucarest.
A la Chambre hongroise des députés, les attaques dirigées contre le gouvernement viennois ont été empreintes d'une violence extraordinaire : l'opposition a élevé une protestation contre le fait que les troupes hongroises, opposées aux Russes ou aux Roumains, sont, encadrées par des éléments purement, allemands. L'empereur François-Joseph a autorisé la convocation du Reichstat, à Vienne.

F.M.

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