MARS 2017

Nouveau cycle de confrontations civilisationnelles dans le Sud-Est de l’Ukraine

par Konstantin N. MARENICH


Le procès au Tribunal militaire de Nuremberg tenu en 1945-1946 était un acte de condamnation internationale du fascisme comme base idéologique de guerres d'agression et d’extermination de population en masse. Le régime d'Hitler, ses institutions punitives, et à sa tête les dirigeants politiques et militaires de l'Allemagne fasciste ont été reconnus coupables d'infractions pénales les plus graves : les crimes contre l'humanité.

Les crimes monstrueux des nazis et des fascistes ont d'abord été rendus publics, ce qui permet de leur donner la qualification juridique appropriée et la condamnation. Depuis lors, le concept « Procès de Nuremberg », lui-même, est associé à l'inévitabilité de la rétribution des initiateurs de la terreur de masse, des conducteurs d'idées de supériorité raciale ou ethnique et du génocide. Et pour les gens de bonne volonté cet acte devrait être encore un rappel du danger de la renaissance du fascisme.

Il semblerait que toute l'horreur, toute l'énormité des crimes déclenchée par le fascisme et le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale, sont si évidentes, que l'irrecevabilité absolue de récidive devrait être perçu par l'ensemble de l’humanité. Mais pourtant aujourd’hui, en ce début du XXIe siècle, et pas quelque part au bout du monde mais sur le territoire de l’Ukraine (une des anciennes républiques de l'URSS, l’une des plus durement touchée au cours de la Grande Guerre patriotique), nous avons affaire à des actes de crimes contre l'Etat, entièrement corrélé avec les crimes du régime fasciste du IIIe Reich contre l'humanité. Et encore une fois, à l'ordre du jour on pose la question de la nécessité d'une condamnation internationale et du châtiment des nouveaux criminels qui ont commencé une guerre, des actes d'agression et de génocide contre son propre peuple.

Au-delà des indignations contre le bombardement quotidien barbare des Républiques populaires de Donetsk de Lougansk par les forces d'artillerie de l’armée de l'Ukraine, il est indispensable d'analyser les raisons qui ont conduit à ces événements tragiques.

En revenant aux événements d'il y a 70 ans, il convient de noter que le Troisième Reich était à la recherche d’une revanche sur la honte de la défaite durant la Première Guerre mondiale et prétendait se faire une « place au soleil » dans un grand nombre de pays, en particulier aux économies développées. L'Union soviétique a rapidement fait partie des prétentions de l'Allemagne nazie.

Le déclenchement de la guerre froide, les événements des derniers temps donnent des raisons de douter de la possibilité du procès de Nuremberg, si les crimes des nazis n’avaient eu lieu que dans l'Union Soviétique. À la justification de cette thèse il convient d’aborder l'opposition des Anglo-Saxons et du monde russe qui remontait à des siècles et s’était exprimée par de nombreux conflits et provocations. Au début du XXème siècle, on pouvait déjà visualiser les contours de la future globalisation de l'économie mondiale. La Russie avec son évolution de l'industrie, avec le développement durable, avec la devise adossée à l'or, avec les acquis généralement reconnus, qui ne sont pas encore surpassés, dans le domaine de la spiritualité et de la culture, ne s’intégrait pas tout à fait dans les projets mondiaux des marionnettistes de la globalisation.

Ainsi les liens d'une chaîne d’évènements furent les suivants : la Russie s’est engagée dans la Première Guerre mondiale, les coups d’Etat bolchéviques, l’enfoncement dans l’abime de la guerre civile et la dévastation jusqu’à la perspective réelle de l'autodestruction. Mais la force du Monde russe consiste précisément en ce que la cohésion, le courage, les nouveaux dirigeants et les héros s’opposent aux circonstances externes critiques. 

Dans des conditions extrêmement critiques, dans un temps extrêmement court, la Grande Russie a unie les républiques libres. Le dévouement sans précédent du peuple soviétique a été reflété dans le progrès énorme du développement du potentiel économique de l'État. 

Donc, l'idée de la suppression du Monde russe a recouvert l’actualité dans la communauté occidentale dont la Seconde Guerre mondiale faisait autrefois partie de cette confrontation séculaire de civilisations.

Dans les années 40 du siècle dernier, les victoires convaincantes de l'Union soviétique sur les différents fronts et la création d’une coalition antifasciste n'ont pas laissé une vision positive aux adversaires du Monde russe. Par conséquent, le plan d’Allen Dulles1 devrait être considéré comme une approche novatrice pour résoudre le problème de la destruction du Monde russe par la dégradation progressive des élites et des groupes de personnes en URSS, puis - dans l'espace post-soviétique.

Malheureusement, des exemples de la mise en œuvre réussie de certains points bien connus de ce plan peuvent donner lieu à de nombreux exemples. Ainsi, au cours des décennies suivantes, sans beaucoup de résistance du peuple et des structures de pouvoir, l'Union soviétique a été effondrée. En 1991, le Monde russe a été tranché dans le vif. Des millions de personnes russes sont devenus en exil dans leurs appartements sans en sortir. Pour le bien de la civilisation occidentale on a détruit tous les secteurs de l'économie soviétique, y compris ceux qui fonctionnaient. Le travailleur a été retiré des personnalités respectées. Au lieu de cela, le consommateur accompli est devenu l'objet de respect et d’imitation. Les media s’attachent à détruire alors, hors de la conscience du peuple, les vraies valeurs de la culture russe et soviétique. Même les films soviétiques laquelle les descendants des héros de l’ « Ancien temps » portant l’uniforme d'officiers soviétiques, présentent les traits d’un visage à la petite moralité.

Comme jamais auparavant, la communauté libérale est unie et organisée. C’est elle-même qui représente les intérêts des apologistes de la globalisation du monde dans l’espace postsoviétique, et le slogan «Patrie en danger» devient à nouveau pertinent.

Ce qui est arrivé en Ukraine au cours du dernier quart de siècle peut être attribué à un certain nombre d'exemples de la mise en œuvre du plan d'Allen Dulles. Il est clair qu’au début des années 90, l'Ukraine, étant la république la plus industrialisée de l'Union soviétique, ne rentre pas dans les plans de la globalisation de l'économie mondiale, d'ailleurs, elle était un concurrent évident selon une série de positions. Le décapage ultérieur des immobilisations, la fermeture des entreprises et même des secteurs d’industrie signifient avec éloquence que seul le peuple ukrainien était intéressé par le maintien de la puissance économique de l'Etat. Mais les « élites » orientée vers les Etats Unis et l’Europe occidentale, coupée de la réalité et vivant dans son propre monde, ont définis pour priorités leur propre pouvoir et la réalisation d'économies. Malgré cela l’activité des mines a progressé durant la reconstruction et le développement de l'économie de l'Ukraine de 2003 à 2013 jusqu'à la destruction du Maïdan de Kiev. 

L'activité des ennemis du Monde russe, appuyés par les intérêts des Ukrainiens des petits villages, et multiplié par la sérénité inadmissible du corps diplomatique russe en Ukraine a permis de faire revivre les idées criminelles du nationalisme de Bandera2 et d’infecter des millions de personnes, en particulier les plus jeunes.

L'expérience a été un succès. Mais même si la renaissance de Bandera n'a pas eu totalement lieu, elle a pu permettre le développement de l’idée 

d’unir la grande masse de la population vers une russophobie hystérique. Qu’est-ce que nous avons eu pour 2014? Le pouvoir a été saisi par les « élites » ukrainiennes, orienté vers l’Ouest et entrainé par Ouest, dont les membres, en règle générale, ne sont pas, par ailleurs, des Ukrainiens ethniques.

L'idée de l'intégration européenne a travaillé comme catalyseur dans le processus de zombie antirusse nationaliste agressif de la population. En conséquence, l'impensable se produisit. Les gens nés et éduqués dans le groupe ethnique russe, parlant et pensant en russe, ont massivement renoncé à leurs racines russes, à son histoire et sa culture, en prenant comme héros des sbires nazis, des voyous et des sadiques réunis des idées 

UPA, UNA-UNSO (organisations de nationalistes ukrainiens). Parallèlement à l'intensification sans précédent des radicaux, l’autre masse en Ukraine garde le silence dans l'espoir de se cacher dans sa hutte. Seule les populations liées à la Novorossia s’alarment et émettent des protestations.

Il est impossible d'imaginer l'excitation et le cynisme avec lequel les nouvelles autorités ukrainiennes ont commencé à détruire non seulement le potentiel industriel, mais l'ensemble de l'infrastructure de leur propre état, en vouant ses citoyens au désespoir, et à la pauvreté, pour le bien des marionnettistes américains.

Le fait, que les combats au Donbass a commencé à la ville de Slavyansk, il ne semble pas un hasard. Après tout, elle est le centre principal du gisement Yuzovsky de gaz de schiste. Il ne faut pas oublier que les technologies modernes d'extraction de gaz de schiste sont associées à la pollution de l'environnement par les déchets chimiques très dangereux. Mais pourquoi regretter la station balnéaire de Slavyansk dont les sanatoriums rappellent encore la famille royale, la perle du christianisme Sviatogorsk situé tout près, si dans l’affaire du développement des gisements de schiste entrent les plus grandes entreprises multinationales, dirigé par le fils du vice-président américain ?

Bien sûr, la population de ces territoires pourrait protester contre ce projet dangereux. Mais les marionnettes américains qui ont pris le pouvoir à Kiev, avaient besoin des ressources et territoire, et pas la population. Surtout parce que cette population professe la culture russe et ses propres valeurs historiques, plutôt que ceux de Bandera. 

Par conséquent, l’agression contre sa propre population du Sud-Est du pays, déclenchée en 2014 par la junte de Kiev, a donné lieu à une action militaire massive destinée à expulser les gens de leurs territoires historiques.

Les bombardements d’artillerie ont créé des conditions insupportables pour la vie, parce que surtout les infrastructures sont endommagées : stations de filtrage, les conduites d'eau, sous-stations électriques, les hôpitaux, les écoles. Des grandes installations industrielles et des infrastructures de transport sont aussi soumises à des bombardements. 

Les anciens nazis semblent inspirer toutes les perfidies et la cruauté aux bourreaux ukrainiens. Dans les villes et villages exposés aux bombardements, la population en panique a tout jeté, s’enfuyant vers la frontière russe et sur la route dans leurs voitures les gens étaient tirés dessus par l’artillerie et au petit calibre par des individus pourtant de la même nationalité et ayant jurés de protéger la vie et la paix de leurs compatriotes. Il est donc logique de supposer que c’est bien l'Ukraine qui a renoncé à la population de Donbass.

Il convient de noter que la société ukrainienne est plongée dans la campagne pour l'intégration européenne, en oubliant que depuis 2013, l'Europe a de nombreux composants présents en Ukraine. Déjà en 2012, Donetsk, Kiev, Lvov et Kharkiv ont assuré l’organisation du Championnat d'Europe de football, qui s’est passé triomphalement. Les villes hôtes étaient parfaitement préparées et les Européens se sentaient là-bas aussi à l'aise que dans tout autre pays d’Europe. À Donetsk, le nouvel aéroport qui répondait à toutes les exigences modernes a été ouvert en plus d’un stade ultra-moderne. Comment, peut-on alors estimer les actions des autorités de Kiev lorsque le 26 mai 2014, un jour après les élections présidentielles à Kiev, cet aéroport a été détruit par les frappes aériennes de l’Air Force ukrainienne?

Les actes suivants peuvent déjà être, à juste titre, comparés à des actes de génocide par les autorités ukrainiennes contre leur propre peuple vivant dans le Sud-Est. Ce peuple qui n'accepte pas l'idéologie de russophobie et de Bandera.


L’UNTD bombardée…
En outre, il s’agit alors pour eux de retirer du territoire des républiques le système bancaire, les entreprises industrielles, les organismes de recherche scientifique, et perturber, autant qu’ils le peuvent, le système d'éducation. À plusieurs reprises, mais plutôt régulièrement, Kiev a déclaré des blocus concernant des livraisons sur le territoire des Républiques populaires de nourriture et de médicaments. Ainsi, la population non défendue socialement a perdu le soutien de l'Etat ukrainien. 

Avec une vantardise dégoûtante les autorités de Kiev ont déclaré que les enfants des Républiques populaires, au lieu d'écoles et jardins d'enfants, seront obligés de passer leur temps dans des caves.

Et, malheureusement, leurs paroles ne sont pas en contradiction avec leurs actes, et une partie de la population se retrouve terrée par cause des bombardements massifs des villes. Les obus de tous les systèmes d'artillerie lourde en 2014-2015 ont été retrouvés explosés au centre de Donetsk. Le 14 août 2014, des bombardements lourds ukrainiens ont frappé des bâtiments de l'Université technique nationale Donetsk, le fleuron de système d'enseignement supérieur technique de l'Ukraine.

L’exigence de transférer les universités à partir du territoire de Donetsk sur le territoire contrôlé par Kiev sans l'infrastructure nécessaire, dit encore l'indifférence totale des autorités de Kiev à la qualité de l'éducation dans leur pays. Cela confirme l'idée que les marionnettes de Kiev sont apologistes du monde globalisé et à cet égard ils réalisent leurs objectifs. Le système mondial global n'a pas besoin de l’Ukraine forte, et par conséquent, ne pas besoin d’Ukrainiens instruits. Quant aux gens du Donbass, il est déjà possible de parler de la position officielle des autorités de Kiev : pour le retour du territoire : « oui », le retour des ressources : «oui», le retour de la population pro-russe du Donbass : « non ! ».

Il n’est pas un hasard si l'une des motivations principales de la guerre au Donbass pour les bataillons nationalistes soit une promesse de réinstaller leurs militants dans les villes et villages de Donbass, en expulsant les habitants autochtones et en leur enlevant leurs logements et d'autres biens.

Alors, qui est l'envahisseur ? L’occupant? Ce ne sont pas nous qui sommes venus sur leurs terres. Nos missiles n’ont pas explosés à Dnipropetrovsk, Kiev, Ternopil. Ce sont certes nous qui défendons en armes le droit de notre identité propre, notre histoire, la culture, notre langue russe natale. En dépliant la force militaire contre son propre peuple, en abattant tout le pouvoir de la propagande de Bandera, les autorités de Kiev sont coupés d’elles-mêmes et ont mis hors la loi toute la population des Républiques populaires du Sud-Est.

Et chaque fois, quand vient l'information sur les nouvelles attaques de l'armée ukrainienne, de nouvelles destructions et de nouvelles victimes, on se pose la question pourquoi l’Europe « éclairée » ne remarque pas le fait qu’au Donbass l’armée ukrainienne et les bataillons punitifs versent des fleuves de sang de la population pacifique.

Le problème est ce que le gouvernement actuel de Kiev sert les intérêts de l'Ouest et c’est pourquoi il est au-delà des critiques officielles de la communauté pro-occidentale. A contrario, la Russie est nommée ennemie de l'humanité par cette même communauté, et l’establishment mondial antirusse se comporte lui-même de plus en plus brusquement, en essayant de réveiller la bête dans l'ours russe et en même temps, en déclarant cyniquement le respect de l'engagement des valeurs de la démocratie, de la dictature de la loi et de la dignité de chaque être humain. La réticence à voir les crimes évidents de la junte de Kiev est une composante d'un ensemble cohérent de mesures des globalistes pour lutter contre la Russie pour l’éliminer de l'arène politique mondiale.

De ce qui précède on peut se poser la conclusion évidente que les autorités actuelles de Kiev, comme exécuteur de la volonté des magnats de la globalisation du monde peuvent moins craindre un second Nuremberg. Avec une plus grande probabilité, ils devraient avoir peur du mécontentement de leurs propriétaires euro-américains dans le cas d’une mauvaise exécution de leurs directives. 

Il faut reconnaître que, au stade actuel, nous ne sommes qu'au début de la prochaine spire de confrontation sans compromis du Monde russe et de la doctrine globaliste de l’Ouest. La vérité est pour nous. Alors, il n’est à pas douter que la victoire sera la nôtre. Alors, dans ce cas, le second procès de Nuremberg deviendra réel, où les organisateurs et les exécuteurs de crimes sanglants de Kiev contre le peuple de Donbass se retrouveront et devront aussi répondre de leurs crimes.


K.N.M.


  1. Allen Welsh Dulles, né le 7 avril 1893 à Watertown et mort le 29 janvier 1969 à Washington, D.C., est un avocat, diplomate et personnalité du monde des renseignements américaine, premier directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA). Dans le contexte de la Guerre froide entre les États-Unis et l'URSS, Allen Dulles désire contrer l'avancée du communisme en Europe, et pour cela, il va promouvoir l'unité européenne. Certains auteurs comme Christophe Deloire et Christophe Dubois considèrent que Dulles a entretenu des relations directes avec les protagonistes de la construction européenne, comme Jean Monnet et Robert Schuman. Allen Dulles fit également renverser des gouvernements démocratiquement élus dont il pensait qu'ils s'allieraient peu ou prou au bloc soviétique (URSS). Ainsi, à travers des opérations secrètes, il a ainsi fait emprisonner le Premier ministre élu d'Iran Mohammad Mossadegh, en 1953, puis le président du Guatemala Jacobo Arbenz en 1954, également élu démocratiquement. La CIA montrait déjà servir davantage les intérêts financiers des grands groupes plutôt que la démocratie et la liberté. 
  2. Stepan Andriïovytch Bandera (1909- 1959) idéologue nationaliste ukrainien. Il a été l'un des dirigeants de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) et le dirigeant de l'Organisation des nationalistes ukrainiens dite « OUN(B) », mouvement indépendantiste extrémiste. Dans sa lutte pour l'indépendance de l'Ukraine contre la Pologne et l'Union soviétique, il collabore avec l'Allemagne nazie en créant la légion ukrainienne sous commandement de la Wehrmacht.

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