FÉVRIER 2017

Un certain 6 février… à l’Assemblée

par Christian VANNESTE


L’Assemblée Nationale est le temple de notre démocratie. Elle en présente avec ostentation la colonnade grecque que les députés ne franchissent jamais puisqu’ils rentrent de l’autre côté, comme tous les artistes, par le Palais Bourbon, ce qui n’est pas un symbole insignifiant.

On dort peu à l’Assemblée et on s’y amuse beaucoup : entre les fou-rires de Madame Taubira, et ses longues récitations lyriques, les mimiques amusées des faire-valoir de l’opposition et les feintes indignations sur les inévitables références mémorielles, les parlementaires présents, rares à droite, semblent y prendre du plaisir. D’autres, à gauche, jouent au scrabble ou lisent des romans sur les ordinateurs portables autorisés depuis quelque temps déjà, et d’autres encore prennent des photos, et en bons délateurs, législateurs peu respectueux des règles, les lancent sur les réseaux sociaux.

Sans le buzz, l’Assemblée mourrait d’ennui. C’est ce que dit le député PS et joueur : le débat est inutile, et trop long. Il n’y aura pas de référendum, puisque les parlementaires n’ont pas fini de voter les lois organiques de la révision constitutionnelle de 2008. Pas grave : il y aura un long débat au Parlement. Mais celui-ci aussi est superflu. On ne va pas passer trop de temps pour chambouler l’Anthropologie et le Code Civil. On a autre chose à faire : préparer sa réélection en allant faire croire aux ouvriers d’une usine de sa circonscription, qu’on pense beaucoup à eux, qu’on va tout faire pour retarder une fermeture qu’on sait inévitable et que leurs gosses auront grâce à nous des emplois-jeunes à la Mairie ou au Département.
Le 13 janvier, un million de vrais opposants, non pas au gouvernement, mais à la loi Taubira, s’étaient rassemblés pour être entendus d’un gouvernement manipulateur et méprisant. La caricature de débat à l’Assemblée n’est pas à la hauteur de la mobilisation de ces Français de conviction. Manifestement, ils croyaient que leur nombre compterait. Pour le ludique député bourguignon, ils n’existent même pas. Pour les élus de l’opposition favorables à la loi, soit parce qu’ils ont envie de se faire élire à Paris, soit parce qu’ils frétillent à l’idée d’être les chouchous des médias, soit encore parce qu’ils y ont un intérêt intime, tous ces manifestants sont des gêneurs. Le pouvoir n’est pas dans la rue, mais à la Chambre, comme on disait dans le temps.
C’est justement devant cette Chambre où sommeillaient l’intérêt national et la grandeur de la France que le 6 février 1934, des milliers de Français, révoltés par l’affaire Stavisky et la décrépitude des institutions républicaines, s’étaient rassemblés. Comment ? Vous osez rappeler cette odieuse tentative de coup d’état fasciste ! D’abord, ce n’était pas un coup d’état. Sans aucune organisation commune, sans plan d’action, trois formations d’extrême-droite ont certes participé à des violences qui leur ont valu quatorze morts, mais le gros des manifestants, des anciens combattants de tous bords, et les Croix-de-Feu, du Colonel de La Rocque, s’étaient déjà dispersés. C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler que ce mouvement dont le chef est mort à son retour de déportation, n’a pas été le moins du monde fascisant.
C’est aussi le moment de citer Doriot, député communiste et créateur du Comité de Vigilance antifasciste de Saint-Denis, Marcel Déat, député socialiste, et membre du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, Adrien Marquet, député-maire socialiste de Bordeaux, Gaston Bergery, « radical-bolchevik » et initiateur du Front Commun contre le Fascisme et la Guerre, député du Front Populaire, le pacfiste de gauche, jean Luchaire, et bien sûr Laval, sénateur-maire socialiste indépendant d’Aubervilliers, ministre avant et après le 6 février, tous collaborationnistes notoires, dont le souci de carrière avait animé l’antifascisme et l’esprit républicain en 1934 et la trahison en 1940. C’est un grand honneur que d’être désigné par le Peuple pour le représenter. Ce n’est pas le remplacer. Lorsque j’étais député, j’ai été l’un des rédacteurs d’amendements qui ont conduit à l’adoption du projet de référendum d’initiative populaire, dont certains se plaisent aujourd’hui à dire qu’il n’est pas constitutionnel. N’est-il pas là le coup d’état ? Dans ce refus de donner la parole au Peuple pour le confisquer au profit des « professionnels » de la politique ! Aujourd’hui, le débat qui se déroule à l’Assemblée est crucial. La vigilance est celle qu’exercent sur leurs élus les Françaises et les Français qui souhaitent préserver notre modèle de la Famille. Si l’Assemblée montre qu’elle est par trop envahie par des carriéristes ambitieux, par de fins tacticiens dénués d’expérience et de valeurs, qui se moquent de cette question, alors, il faudra craindre le réveil légitime d’une suspicion sur la légitimité du Parlement. Il faudra craindre le retour du 6 Février !

C.V.

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