JUILLET - AOÛT 2018

Le Monastère Andronikov et l’art d’Andreï Roublev

par Daniela ASARO ROMANOFF


Le Monastère Andronikov se trouve sur la rive gauche du fleuve Yauza. Le moine le plus connu qui vécut dans ce Monastère est le peintre d’icônes sacrées, Andreï Roublev. Le Métropolite de Moscou, Alessio, avait promis qu’il aurait fait construire un Monastère et une Cathédrale, s’il eut survécu à une terrible tempête en mer, qui se déchaina au cours de son voyage de retour de Constantinople à Moscou, en 1358. Il promit également qu’il aurait appelé le Monastère du nom du Saint, commémoré le jour où il aurait débarqué saint et sauf. Le jour, où Alessio parvint à Moscou, était dédié au Seigneur (en russe : Spas).

Le lieu sacré fut édifié sur la rive du fleuve Yauza. Lorsque le Métropolite Alessio s’absenta pour se rendre à Sarai chez le Kahn du Kyptchak, le moine Androniko le remplaça à la guide du Monastère. Androniko devint le premier Abbé, et par la suite le lieu sacré fut appelé avec son nom. La Cathédrale du Sauveur fut construite entre 1425 e 1427 ; c’est le plus ancien édifice de Moscou. La nouvelle Cathédrale édifiée en pierre remplaça la première Cathédrale construite en bois. L’intérieur de la nouvelle Cathédrale fut décoré de fresques peintes par Andreï Roublev. Ces fresques sont un chef-d’œuvre du maître. Au cours du XVIIème siècle, des murs et des tours furent construites autour du Monastère. Le Monastère devint une forteresse. Toujours au XVIIème siècle fut construite en style baroque l’Église dédiée à l’Archange Saint Michel. Au XVIIIème siècle l’architecte Rodion Kazakov projeta le clocher du Monastère. Le projet prévoyait une tour très haute, beaucoup plus haute que n’importe quel édifice de Moscou. Le tzar Paul Ier donna l’ordre de réduire la hauteur, car aucun édifice ne devait dépasser le clocher du Kremlin.

La tour du Monastère Andronikov fut détruite par les Bolcheviques en 1930. Le Monastère avait déjà été très endommagé par les soldats de l’armée de Napoléon en 1812. Le monastère fut fermé par les Bolcheviques en 1919. Les bâtiments furent utilisés comme logements pour les ouvriers du district Rogoshsko-Simonovsky. Le cimetière devint un terrain de football. Après la Seconde Guerre mondiale naquit à nouveau une certaine sensibilité historique et artistique à l’égard du Monastère Andronikov. En 1947, le cimetière devint un monument national. Dans les souterrains on commença à construire le Musée de l’art russe ancien. 

Le Musée Central d’Art Ancien et de Culture russe « Andreï Roublev » fut officiellement ouvert en l’honneur des 600 ans de la naissance du grand peintre. Le Musée ne contient pas d’œuvre de Roublev, mais il y a de merveilleuses œuvres de l’École de Roublev. En 1989 fut célébrée une liturgie divine à l’occasion du premier anniversaire de la sainteté d’Andreï Roublev. Actuellement la Cathédrale du Monastère est une Église paroissiale.

La tombe d’Andreï Roublev n’a pas été retrouvée. On pense que sa dépouille mortelle a été ensevelie sous le clocher, qui fut détruit par les Bolcheviques, mais le maître continue à vivre à travers ses œuvres et dans celles des peintres qui furent formés à son École.

Andreï Roublev est né en 1360. Il est considéré comme le plus grand peintre Médiéval russe d’icônes et de fresques. Nous ne possédons guère d’informations sur sa vie. Il vécut certainement de très nombreuses années dans le Monastère de la Sainte Trinité près de Moscou. Le nom de Roublev est mentionné pour la première fois, lorsqu’il peignit les icônes et les fresques pour la Cathédrale de l’Annonciation du Kremlin de Moscou. Roublev fut aidé par les peintres Théophane et Procor. Théophane était un maître important, qui quitta Byzance pour aller vivre en Russie. Beaucoup le considère le maître de Roublev. Les chroniques nous rapportent qu’en 1408 Roublev, aidé de Danil Cerni, exécuta les peintures pour la Cathédrale de l’Assomption à Vladimir. Après la mort de Danil, Andreï alla vivre au Monastère d’Andronikov de Moscou, où il peignit des derniers chefs d’œuvres : icones et fresques pour la Cathédrale du Sauveur.


Icône de la Trinité ou Les trois anges à Mambré (1410), Galerie Tretiakov, Moscou 
L’icône, qui a été très certainement et entièrement peinte par le maître, est la très célèbre Icône de la Trinité (1410).

Actuellement la précieuse Icône se trouve à la Galerie Tretiacov de Moscou. Roublev a tiré son inspiration d’une Icône précédente du nom de « L’hospitalité d’Abraham ». Le haut ascétisme et l’harmonie de l’art byzantin se fondent dans les œuvres de Roublev. La paix et le calme caractérisent sa peinture. Ses icônes furent tout de suite appréciées et considérées comme un modèle à suivre dans l’orthodoxie iconographique. Andreï Roublev fut proclamé Saint de l’Église Russe Orthodoxe en 1988. On le commémore tous les ans le 29 janvier et le 4 juillet. L’Église Épiscopale des États-Unis d’Amérique le commémore le 29 janvier. Andreï Roublev est considéré comme le symbole de l’identité historique et artistique russe.

Dans sa recherche de la fraternité, du calme et de l’amour divin, Andreï Roublev fut certainement influencé par Serge de Radonezh. Dans les icônes de Roublev prédomine la simplicité, l’artiste s’écarte de l’assujettissement rigoureux à la forme, à la couleur, à l’expression. Nous trouvons dans ses icônes grâce et grande harmonie. De nombreux studieux considèrent la Trinité de Roublev comme la peinture iconographique parfaite, la meilleure qui ait jamais été réalisée. Ce travail avait été commandé à Roublev par l’Abbé du Monastère de la Trinité, Nikon, un disciple de Serge de Radonezh. Nikon avec cette peinture désirait commémorer Serge. Depuis le début du Christianisme, il était difficile pour les gens de comprendre la Trinité.

Non seulement les gens, mais les théologiens aussi avaient des difficultés à comprendre un Dieu unique sous trois aspects. En essayant de représenter la Trinité, tout en restant fidèles à la défense de représenter Dieu, les peintres d’icônes s’inspiraient de l’hospitalité d’Abraham, qui reçut la visite des trois nomades. Roublev élimina les éléments du récit biblique et pris en considération les trois anges. Pour la première fois, dans l’icône de Roublev, les trois anges ont tous la même importance, Au lieu d’obliger les fidèles à croire en la Sainte Trinité, Roublev, gentiment et délicatement, accompagne le croyant au Dogme. 

C’est une Trinité qui dialogue, qui est représentée dans l’Icône. Le Père explique au Fils que son sacrifice est nécessaire, le fils répond, en acceptant la volonté du Père. L’Ange, qui représente la Sainte trinité, conforte le Père et le Fils.

En Russie la Foi chrétienne a toujours été profondément présente dans la vie de tous les jours, nous la retrouvons donc aussi comme protagoniste dans la vie politique. Dans la Trinité, les russes virent une critique de la division féodale et du joug mongol. La Trinité encouragea les russes dans leur désir d’unir les terres divisées et d’être libres. La Trinité de Roublev est la représentation de l’unité et de l’amour divin.

Le message le plus important de l’Icône : dans le monde d’ici-bas, nos pensées et nos actions portent au maximum leur fruit si elles restent dans le domaine de l’amour trinitaire. Avec son Icône Roublev nous montre la Maison du parfait Amour. 


D.A.-R.

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