AVRIL-MAI 2019

Jupiter et le feu de Dieu

par Roland PIETRINI


Le 9 février 2019, dans un élan salvateur, j’écrivais un article sur le débat et le syndrome post-traumatique que celui-ci m’avait causé. J’hésitais alors entre deux possibilités, celle de me retirer dans un monastère, de préférence orthodoxe, car les lits sont réputés plus confortables que ceux des monastères catholiques, ou alors, d’entrer en résistance et de prendre le maquis, corse de préférence, à cause du fromage de chèvre et des châtaignes. Mais, ayant franchi il y a très peu de temps, un certain âge, je craignais, dans les deux cas, pour mes rhumatismes et mes sciatiques, mon passé de cavalier ayant rejoint mon présent de septuagénaire, je constatais que mon assiette n’avait pas faiblie, mais aussi que ma monture tenait bien moins à moi que je ne tenais sur elle.
Un incendie plus tard, mon cas ne s’est pas amélioré, bien au contraire, mon syndrome s’est aggravé. 
Dieu dans sa miséricorde, par un signe terrible, nous a épargné les conclusions du grand bla-bla, reporté sine die mais pas tout à fait, car, on s’est arrangé en haut lieu pour en distiller quelques fuites savamment orchestrées. J’y reviendrais.
Dieu a donné un coup de main à Jupiter, en incendiant le symbole d’une nation qui, du coup s’est souvenue de ses racines chrétiennes et par ce drame, nous rappelle qu’un monde sans cathédrale serait insupportable, que l’on soit croyant ou pas.
Car Dieu est patient, il est aussi colère, et de voir cette société qui se délite dans des délires fous, peut-être aurait-il volontairement allumé le « feu de Dieu » afin de réveiller les consciences.
Rassurez-vous, le syndrome que je décrivais ne m’a pas tout à coup rendu mystique, simplement plus attentif à ce que nous risquons de perdre dans les affres du communautarisme. N’étant qu’un pécheur parmi les autres et un tantinet sceptique sur la religion, je préfère à tout prendre, regarder prier les grenouilles de bénitier et les ravis devant la crèche que les islamistes et leur charia, avec leur propagande, leur prosélytisme et leur réalité totalitaire. 
Car Jupiter sur son trône ne s’est pas trompé, le rassemblement ça marche, la corde sensible, ça fonctionne et avant de continuer son œuvre de destruction et de catégorisation entre les retraités, les salariés, les nantis à 2000€ et les autres, il continuera à privilégier ceux qui en quelques heures sont capables de signer des chèques à un chiffre et plusieurs zéros.
Car les milliardaires, si vous en doutiez encore, ont une âme et comme au Moyen-Âge peuvent acheter leur salut.
Comprenez-moi bien, l’incendie de Notre-Dame me touche, car il touche aux fondements même de notre histoire, mais il me touche aussi parce que j’y vois un signe positif qui réveille notre conscience, celle d’appartenir à un monde et non à un mélange des mondes et des genres. Cela n’exclut pas la tolérance aux autres cultures mais certainement pas un reniement à la nôtre.
Nous sommes les héritiers d’une civilisation judéo-chrétienne teintée de culture grecque et latine et influencée par le meilleur des autres, nous n’avons pas à rougir de ce qu’elle est et de ce que nous sommes.
Dieu nous a envoyé un signe à moins que ce ne soit le hasard ou la providence, chacun jugera selon sa Foi.
Car j’ai tenu des heures devant mon écran tentant de changer de chaines, afin de comparer les talents des preneurs d’images et du réalisateur, mais non, je ne rêvais pas. Macron, par un don d’ubiquité que je ne lui soupçonnais guère, était bien sur toutes les chaines à la fois, beau comme un dieu, sans une perle de sueur, un peu Kennedy par le look, beaucoup Castro par la résistance à l’effort, et surtout Machiavel qui, comme chacun le sait, ne fut pas proche des tyrans mais un peu tyran quand même, quoique qu'il fut profondément républicain, tout en tentant de penser scientifiquement la politique. Le prince de « l’en même temps » démontrait ainsi son génie. Cet homme d’apparence, car il en est un, difficilement caractérisable psychologiquement, à la fois couteau suisse, homme-orchestre, en veste puis en chemise, ayant réponse à tout, showman, artiste de l’illusion est, il faut le dire, d’une habilité remarquable, puisqu’il arrive sur l’instant à convaincre, mais dieu merci, dès le dos tourné nous remet face à notre incommensurable et insondable vide de nos cerveaux. 
J’ai eu beau me pincer de ses interventions, il ne me restait rien, rien que le goût amer des réalités d’un pays qui rapatrie ses bourreaux de daech, sous prétexte qu’ils seraient français, qui qualifie ses pauvres de factieux, qui donne un milliard au Tchad pour payer ses fonctionnaires, qui met la main à la poche pour payer le métro d’Alger, et qui en même temps serre la vis des retraités, qui condamne les lanceurs de cendrier et de bouteille d’eau, mais qui laisse Benalla et consorts faire ses petites affaires puantes en toute impunité, qui mutile ses opposants à coup de LBD40 et de grenades de désencerclement, qui met sur écoute des gilets jaunes, qui renforce ses lois anti-opposants sous prétexte de loi-anticasseurs, qui tolère la burka mais condamne le passe montagne, bref qui dérive vers une forme de totalitarisme qui se camoufle derrière le souci d’un maintien de l’ordre qui n’est que celui de l’ordre du maintien.
Jusqu’à quand pourrais-je tenir de tels propos ? Je me pose la question. 
Macron ne sait pas où il va, son omniprésence après son long silence et sa sidération n’est que prétexte à justifier une politique que l’on pourrait résumer en une seule phrase : Faites-moi confiance, je ne sais pas où je vais, mais j’ai la volonté d’y aller, j’ai tout compris, je suis l’élu, puisque je suis élu, alléluia !
Ainsi, seul, devant un auditoire choisi, paré des couleurs de la république, il continuera à jouer sa partition en répondant aux questions posées, sans qu’aucun interlocuteur puisse lui répondre ou lui apporter une contradiction, ce qui est précisément l’inverse d’un débat. Emmanuel Macon, dont le prénom est dérivé de l'hébreu qui signifie « Dieu avec nous », croit en son étoile et se prend pour le messie, mais il a raté quelque chose, un simple détail, celui de penser que le pouvoir de diriger un peuple lui échoit de droit et que celui-ci doit avant tout le servir, alors qu’il devrait être au service du peuple. C’est ce qui arrive lorsqu’on est le pur représentant d’un système oligarchique totalement déconnecté des réalités.
 Et ce n’est pas en parquant les gens à cinq cents mètres de sa présence derrière un rideau de CRS ou de gendarmes, qu’il en prendra conscience. 
Ah ! si ces salauds de pauvres et de moins pauvres pouvaient un peu fermer leur gueule, tout serait plus facile, la haute finance aime l’ordre pour faire ses petites affaires, les dealers des banlieues aussi. 
Oui, je sais, il va falloir que je me soigne, je suis réellement traumatisé, et vous. ? 
À bientôt, peut-être… 

R.P.

Note :

(1) Le syndrome de glissement est défini par une détérioration rapide de l'état général survenant chez un sujet très âgé au décours, ou après un intervalle libre, d'une affection aiguë qu’elle soit médicale, chirurgicale ou psychique.

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