FÉVRIER - MARS 2021

Kosovo : les terroristes de l’UCK dans de sales draps

par Nikola MIRKOVIC


Coup de tonnerre chez les Albanais du Kosovo à la fin de 2020. Quatre anciens haut-responsables du mouvement terroriste UCK, et pas des moindres, ont été arrêtés et inculpés par le tribunal spécial pour les crimes de guerre commis au Kosovo. Hashim Thaçi actuel « président » de l’État autoproclamé du Kosovo et ancien chef de l’UCK; Jakup Krasniqi, porte-parole de l’UCK ; Kadri Veseli, ancien responsable des services de renseignement de l’UCK et Rexhep Selimi ancien commandant de l’UCK ont tous été transférés par avion militaire pour un aller simple vers un centre de détention à La Haye au Pays-Bas où ils devront répondre des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Le mouvement terroriste albanais UCK avait fait régner la terreur au Kosovo à la fin des années 1990. Rien qu’en 1998, 1 885 attaques terroristes avaient été dirigées contre des institutions yougoslaves, des Serbes et des Albanais considérés comme collaborateurs. En 1997 Belgrade avait déjà condamné Thaçi pour terrorisme sans jamais pouvoir l’appréhender. Même l’envoyé spécial de Bill Clinton dans les Balkans, Robert Gelbard, considérait l’UCK comme un mouvement terroriste en 1998. Puis les Américains et leurs amis de l’OTAN ont tourné casaque et décidé de se servir de l’UCK pour porter le dernier coup d’estocade contre le président Slobodan Milošević, déjà mal mené par les guerres yougoslaves du début des années 1990.
À partir du moment où les membres de l’OTAN avaient blanchi les membres de l’UCK ceux-ci passaient du stade de « terroristes issus du crime organisé » à celui de « combattants de la liberté ». Une fois la guerre terminée l’Occident commit l’erreur de leur confier le pays nouvellement inventé du « Kosovo » alors que ceux-ci continuèrent de se comporter comme…des « terroristes issus du crime organisé ».
Bruxelles et Washington fermèrent les yeux espérant qu’en leur offrant costards, cravates et portefeuilles de ministres ils mettraient fin à leurs activités criminelles et enseveliraient leurs M16, pots-de-vin et macchabées 6 pieds sous terre sans jamais les déterrer. C’était mal les connaître. Pendant que les ex-membres de l’UCK continuaient à mettre le Kosovo en coupes réglées, les Serbes, obstinés, continuaient à exiger justice. Des Albanais courageux sont sortis du bois, eux aussi, pour dénoncer les crimes de l’UCK parfois au péril de leur vie. De plus en plus de voix de témoins étrangers se sont élevés aussi pour dénoncer les exactions des soudards stipendiés de l’Otan : le colonel français Jacques Hogard, l’écrivain Prix Nobel de littérature autrichien Peter Handke, le général canadien Lewis MacKenzie, le général italien Fabio Mini… Même le procureur suisse Carla del Ponte, pas vraiment connue pour ses déclamations pro-serbes, dévoile que les membres de l’UCK se livrent à du trafic d’organes.
L’OSCE est obligée de s’emparer de l’affaire et le rapporteur suisse de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Dick Marty, révèle au reste du monde ce que les habitants du Kosovo savaient depuis longtemps : l’UCK est une des pires bandes criminelles ayant agi sur le sol européen depuis la deuxième guerre mondiale. Dans le rapport accablant de Marty, Hashim Thaçi et désigné comme « le plus dangereux des “parrains de la pègre“ de l’UCK. ». Suite à ce rapport, qui fit l’effet d’une bombe, l’image publique de l’UCK fut sérieusement écornée. Les Clinton, Kouchner, Albright et consorts, amis du premier jour de la bande à Thaçi, feignent de découvrir le côté obscur de leurs copains kosovars.
Avec la publication du rapport Marty, l’Union européenne n’a pas d’autre choix que d’ouvrir un tribunal spécial pour les crimes commis par les Albanais. L’objectif de l’Union européenne est double : tenter de faire croire que Bruxelles se soucie de la justice dans les Balkans et donner des gages de confiance aux Serbes afin de les encourager à reconnaître le Kosovo indépendant et rejoindre l’UE. Bruxelles et Washington veulent rassurer Belgrade et montrer aux Serbes que les méchants albanais seront finalement condamnés. Serbes et Albanais seront ainsi quittes et tout ce joli monde pourra de nouveau jouer dans le même bac à sable.
Il n’est pas sûr que les Serbes tombent dans le panneau. Il n’est même pas sûr que ces hauts-responsables soient condamnés. D’autres anciens membres de l’UCK défileront à La Haye, des petits couteux, les exécutants. Eux seront condamnés, c’est sûr. Mais les chefs ? Dans le passé on a déjà vu Ramush Haradinaj sortir d’un tribunal sans être inquiété alors qu’il avouait l’assassinat de policiers dans sa propre biographie.
On a vu Fatmir Limaj arrêté à de multiples reprises sans jamais être condamné non plus. On connaît la chanson, les Atlantistes s’adonnent à des simulacres de justice et les criminels de leur propre camp ne sont jamais condamnés. Et cette fois-ci il y a peu de chance que cela change. Thaçi connaît tous les dirigeants occidentaux de ces 20 dernières années, il est capable de dire ce que chacun a négocié avec lui, ce que chaque pays lui a fourni comme armes, informations et soutien. Si Thaçi est lourdement condamné il balancera tout ce qu’il sait sur tous ses amis atlantistes. Il ne risque donc rien. Il est le symbole de l’UCK et l’incarnation du Kosovo albanais depuis 20 ans. Toute la rhétorique d’un Kosovo indépendant s’écoulerait avec lui. Imaginez l’histoire si on commence à dire la vérité sur les indépendantistes du Kosovo qui n’étaient pas des « combattants de la liberté » mais des mafieux de bas étage trafiquant drogue et d’organes humains ? La version atlantiste perdrait tout de suite toute crédibilité. L’Otan ne le sacrifiera donc pas car s’il chute, le Kosovo indépendant chute et Thaçi en fera tomber d’autres avec lui. Il est donc impossible que Thaçi ne tombe et s’il tombe un jour ça sera dans sa cellule suicidé dans des conditions epsteiniennes. Veseli, Selemi ou Krasniqi peuvent se faire un peu plus de soucis en revanche. Ils connaissent beaucoup de choses aussi sur leurs soutiens occidentaux mais ils sont moins connus et ils savent très bien que les Atlantistes veulent faire un exemple pour plaire aux Serbes.
L’un d’entre eux sera peut-être sacrifié pour la cause albanaise ou parce que ses trois autres compères l’auront dénoncé. Globalement ça sera surtout symbolique et ça n’est pas la condamnation de quelques hauts dirigeants de l’UCK qui va rendre le Kosovo au peuple serbe.
Ne crions donc pas victoire avec empressement. N’oublions pas que le tribunal en question dépend du « droit kosovar » (il est déplacé aux Pays-Bas car le « Kosovo » ne peut pas assurer la défense des témoins) et les juges sont quasiment tous originaires de pays membres de l’Otan. Pour qu’une justice soit crédible il ne faut pas que ceux qui payent les juges soient le mêmes que ceux qui payent les criminels. La justice pour le Kosovo ne viendra donc pas de ce tribunal hollandais mais ne boudons pas notre plaisir à l’idée de voir un ou deux salopards placés derrière les barreaux. Ça sera toujours ça de gagné.

N.M.

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