MAI 2016

Au siècle des grands êtres

par Docteur Bernard-Philippe BULIDON


L'humanité s'est construite à la force des grands hommes mais pas toujours de grandes tailles. Bien sûr oublions le combat épique de David contre Goliath qui restera l'exception confirmant cette règle. Ainsi en témoignage de la bonne santé d'une société ou d'un pays où il fait bon vivre par sa qualité de vie. Hormis les courbes de croissance du PIB ou des fluctuations chaotiques de toutes les places boursières, on peut désormais se fier aux graphiques illustrant les carnets de santé de notre charmante descendance. Et par rapport aux siècles antérieurs, nos enfants ont tendance à grandir plus rapidement et plus précocement que leurs aînés et entre autre que nous parents. De quoi creuser encore le sempiternel fossé, creusé par les conflits de génération. Mais nul hasard dans ce subit accès via les étoiles de la part des jeunes humains.
On pourrait peut-être, pour les plus sceptiques, se plonger à nouveau dans le grimoire de l'évolution des espèces de Darwin où seuls les plus forts subsistent dans le temps. En fait cela semble être lié à l'évolution de notre alimentation tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Désormais, dès 4 mois on introduit une alimentation solide alors qu'au siècle passé, on attendait un an. Notre alimentation est plus riche en calories (hélas pourvoyeur d'obésité et de diabète, voire de troubles du comportement alimentaire induits comme la boulimie ou l’hyperphagie), plus riche en viande, en produits laitiers et dans une moindre mesure plus riche en fruits et légumes (essentiels pour notre transit intestinal et pour l'entretien de notre flore intestinale). D'où moins de carences alimentaires pouvant provoquer des retards de croissance. Mais il faut aussi souligner les progrès de la médecine améliorant la surveillance des grossesses en minorant ainsi le taux des retards de croissance in utero ainsi que la généralisation de la vaccination, éradiquant une grande partie des maladies infantiles entraînant antérieurement des retards de croissance voire des décès inopinés ou précoces. Alors vive le progrès social et médical pour la croissance des générations futures. Sujet important devant être pris en compte car cela a aussi une incidence sur l'économie. Ainsi pour les industriels de l'habillement, des transports (voitures, avions et trains) ou l'aménagement de nos pièces à vivre comme la cuisine, la chambre ou la salle de bains, il est important d'anticiper la taille des futures adultes dans la standardisation de notre quotidien. 
Mais ce progrès a bien sûr un revers car la pollution et la mauvaise qualité de certaines denrées agro-alimentaires pourraient voir dans le temps s'infléchir les bénéfices acquis par l'amélioration de notre qualité de vie. De même la sédentarité par la diversité de nos transports et des activités en solitaire devant l'ordinateur ou avec les consoles de jeux, pourrait aussi diminuer notre structure musculaire (principale « centrale d'incinération » de nos calories : à savoir qu'un kilo de muscle « brûle » sept fois plus de calorie qu'un kilo de graisse). Cette sédentarité est aussi néfaste car elle majore toutes les maladies cardio-vasculaires, induites par une alimentation trop riche en graisses saturées et en sucres d'absorption rapide. Mais on pourrait s'interroger si notre croissance n'est peut-être pas aussi génétiquement limitée, sinon modifiée. Tout comme la cime des arbres qui ne pourra jamais atteindre le soleil. Et personnellement, je considère que la grandeur d'un homme ne se mesure pas qu'en centimètres !

Docteur Bernard-Philippe Bulidon

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