AVRIL-MAI 2019

Quand l’université française sanctionne ses professeurs. Les intellectuels qui s’opposent à la pensée unique mis au placard !

par Marie-Simone POUBLON


Il est de notoriété publique de croire que les universités fabriquent des cerveaux, des penseurs, des intellectuels, des génies de tout acabit. Mais ce qui n‘est pas de notoriété c’est que lorsque l’intelligence professorale s’oppose à la bien-pensance, la sanction intervient. 
C’est ainsi que lorsque le président d’un groupe d’activistes de confession juive (L’Union des étudiants juifs de France UEFJ) demande la révocation de Maître Elie Hatem, professeur de droit international et avocat de renom bien connu des élites politiques et diplomatiques, l’université accède à sa demande. Maître Elie Hatem fut suspendu le 18 février dernier par l’université de Paris 13 pour ses engagements personnels auprès du mouvement royaliste Action Française, fondé entre autres par Charles Maurras, car il est effectivement royaliste. 
L’université précisera ultérieurement qu’elle « est fermement engagée dans le respect des droits humains et dans la lutte conte le racisme et l’antisémitisme » (judéophobie, comme dit Maître Hatem). Que dire de la liberté donnée aux étudiants de se faire une opinion par eux-mêmes en ayant justement des professeurs qui ne pensent pas comme tout le monde. Les sciences humaines se doivent de développer la liberté d’esprit et le sens critique pour permettre à l’individu de développer son intelligence. Il va sans dire que le sens critique ne s’exercera jamais si tous vont dans le même sens ! Enseigner l’histoire est déjà en soi, un déni des réalités tant celle-ci occulte aujourd’hui, dans les manuels scolaires, de nombreux événements. La censure est partout, sauf peut-être en Israël ( !) et comme le dit Maître Elie Hatem « je salue le professionnalisme du site israëlien Times of Israel qui a été le seul média à traiter cette affaire de manière objective ».
Une simple opération commando de l’UEJF représentant 7 personnes, alors que Maître Elie Hatem était en plein cours, a suffi à mettre la panique dans l’amphithéâtre abreuvé de propos par son président Ghozlan qui traita de plus le professeur de « menteur » lui reprochant ses idées et ses engagements politiques, tout en faisant distribuer des tracts politiques aux étudiants. Où est donc la vie privée ? En d’autres termes où est le discriminant et où est le discriminé. Apparemment l’université a une « bonne vue » en ce qui concerne la discrimination !
Les étudiants ont soutenu leur professeur dixit « Messieurs, on s'en fiche des idées et des opinions politiques personnelles de Monsieur Hatem, de ses croyances, de ses origines. Nous sommes là pour assister à un cours en droit privé. Vous transformez ce cours en tribune politique » tout en prévenant les vigiles pour faire stopper les agressions verbales du président de l’UEJF qui s’était informé en « surface » de la vie privée de Maître Elie Hatem.
Soucieux de donner une explication, Maître Elie Hatem publiera « sa réaction face aux attaques » sur sa page Facebook. En voici un extrait « Plusieurs personnalités françaises ont appartenu à l'Action Française ou étaient sympathisants de ce mouvement, à l'instar de Monsieur Patrick Buisson, ancien conseiller politique du Président Nicolas Sarkozy, Monsieur Jean – Pierre Chevènement ou encore notre ancien Chef de l'Etat, François Mitterrand, qui ne cachait pas son admiration pour Charles Maurras, comme le souligna le penseur et éditorialiste Hilaire de Crémiers dans « Politique Magazine » : « Il (François Mitterrand) le plaçait d'ailleurs parmi ses auteurs préférés, comme il l'écrit à Madame Anne Pingeot où il exprimait ses préférences littéraires : de Barrès à Montherlant, en passant par Chardonne et en n'oubliant pas Maurras »... 
Il m'est surtout reproché d'être monarchiste et d'être en faveur d'une démocratie directe exercée par le pays réel, garantissant les libertés professionnelles, corporatistes mais également régionales, l'ensemble fédéré par le roi à la tête de l'État (« Libertés en bas, autorité en haut », comme le proposait Charles Maurras)….J'assume ces idées et je rappelle à ce sujet la phrase prononcée par notre Chef de l'État actuel, Monsieur Emmanuel Macron, le 8 juillet 2015 : « A la France, il manque un roi »…Chrétien, catholique de rite maronite, d'origine libanaise, je n'avais pas hésité à dénoncer la milice chrétienne des Forces Libanaises, de ma propre communauté, quand elle cherchait à se prêter à ce jeu. J'avais rejoint à cette époque le combat patriotique du Général Michel Aoun, l'actuel Président du pays du Cèdre, auprès duquel j'ai collaboré durant plus de 13 ans, dans le souci de préserver la nation libanaise multiconfessionnelle millénaire (la sociologie du Liban et son histoire étant différentes de celles de la France).
Et Maître Elie Hatem de conclure « Rien de m'empêchera de penser librement, de m'exprimer librement dans le respect des lois et de l'ordre public, d'analyser les faits politiques avec un esprit critique comme me l'a enseigné mon mentor, Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire Général des Nations Unies et de l'Organisation Internationale de la Francophonie. »
Les universités, soucieuses d’obéir à la bien-pensance politique mettent au placard les élites intellectuelles de ce pays. Gares à celui/celle qui sort des « clous » et qui enseigne tout simplement l’histoire ! Au-delà le vécu personnel du professeur est un trésor exceptionnel lorsque l’on cite Elie Hatem ou encore Michel Maffesoli, victime lui-aussi de cette « chasse aux sorcières ». 
Le philosophe et professeur émérite Michel Maffesoli à qui ses éminents collègues niçois octroient le titre de « sulfureux » va donner des conférences dans les universités américaines (qui le laisseront parler !) car les strates intellectuelles de la société française comme disait ma grand-mère ont « de la laine dans les oreilles ». 
Michel Maffesoli qui exerce à l’université Paris-Descartes est aussi membre de l’institut universitaire de France et grand prix des sciences humaines de l’académie française pour son livre « la transfiguration du politique ». Mais voilà, celui qui n’est pas « monsieur tout le monde de la bien-pensance » est jugé « non grata par l’université de Nice, au même titre qu’un second professeur, d’origine italienne et docteur en philosophie de l’histoire à l’université de Milan, Diego Fusaro (qui serait un proche de Luigi di Maio du Mouvement cinq étoiles et de Matteo Salvini, de la Ligue en Italie !). 
Toutes ces personnalités bien-pensantes se congratulent entre elles ! Aucune ne prend la défense d’un collègue censuré.
Michel Maffesoli a émis un avis personnel sur le mouvement des Gilets jaunes expliquant avec ses mots de philosophe et de citoyen la fracture entre les élites et le peuple, dénonçant je cite « l’aporie du système social et politique issu du 18e siècle. Nous changeons d’époque et nos vieux schémas d’explication et d’intervention ne fonctionnent plus. Il n’y a pas de portrait moyen du « gilet jaune ». Casseur ou pacifique, gauche ou droite, radical ou modéré ? Ce qui les lie est la défiance envers les autorités. Le dégagisme qui a porté le président à l’Élysée lui est renvoyé en pleine gueule ! »
Contrarier la politique d’Emmanuel Macron n’est en aucun cas acceptable pour ces universités qui « musèlent » les bavards, « mouchent » les ambitieux, « dégagent » ceux qui franchissent le rubicon. 
Là encore nous voyons la pensée française « foutre le camp » au profit d’une pensée linéaire faite de pamphlets à la Bernard Henri Lévy qui jettent l’opprobre sur ceux qui pourtant cherchent à tirer toujours vers le haut les jeunes générations qui ne pensent qu’à l’instant présent et que les politiques n’ont de cesse de voir se dégrader au profit de leurs ambitions tracées par leurs financeurs. 
Moins on réfléchit, moins on désobéit ! Et pourtant, même les saumons nagent à contre-courant… 

M-S. P.

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